Taisen Deshimaru - Enseignement oral - N° 8 - Shin jin mei de Maître Sosan

Lors d'un séminaire sur le Tchan, Catherine Despeux à beaucoup insisté sur l'importance de la pause à la fin de l'expiration en méditation. Elle a posé la question de savoir si on trouvait une telle idée chez Deshimaru et j'ai été bien étonné de trouver, à postériori, une occurrence de cette idée. Je serais passé à coté si Catherine Despeux n'avait pas attiré notre attention sur ce point.

"C'est la méthode de respiration qui est un facteur de dévelloppement d'énergie important dans la posture de zazen" (...)
"La respiration est à l'opposé de la respiration habituelle. L'accent est mis sur l'expiration qui doit être longue, profonde et calme. L'inspiration se fait alors automatiquement, après un court temps d'arrêt à la fin de l'expiration".

Catherine Despeux à insisté sur le fait qu'il ne faut pas bloquer la respiration mais seulement observer ce temps d'arrêt comme s'il devait apparaitre de lui-même.

On peut se demander à quoi ça sert. J'ai trouvé une vidéo qui répond assez bien à cette question ici



Lian Hearn - Le Clan des Otori, Tome 5 : Le Fil du destin

"Complots, trahisons, vengeances, mais aussi amitiés loyales et amours passionnées.... Shigeru grandit dans l’ atmosphère oppressante du chateau de Hagi, fief du Clan des Otori dont il est l’héritier. Il a l’étoffe d’un chef, un caractère noble et droit, une éducation accomplie qui le portent à régner. Mais il doit faire face aux appétits de conquêtes de son voisin, l’ambitieux Iida, et aux machinations et traîtrises de ses propres oncles. À la sanglante bataille de Yaegahara, son destin semble scellé. Pourtant, préparant dans le secret sa revanche , Shigeru attend son heure - lorsqu’il apprend qu’un jeune garçon vivant dans les montagnes lui ressemble étrangement...
Le Fil du destin s’achève ainsi là où commence Le Silence du Rossignol…

Après la publication des trois premiers tomes de sa saga, Lian Hearn a voulu raconter, dans Le Fil du destin, qui était Sire Shigeru. Puis elle a écrit la fin de l’histoire (Le Vol du héron). Le Fil du destin, à travers la vie héroïque de Sire Shigeru, nous permet de mieux comprendre ce Japon féodal magnifique et redoutable que Lian Hearn fait revivre dans son oeuvre avec une force évocatrice incomparable.
Ce que je trouve amusant c'est que j'ai lu Le Clan des Otori, bien avant de rencontrer le zen. Cela a peut-être contribué à m'ouvrir l'esprit. Un passage m'avait particulièrement marqué. C'est quand le jeune seigneur, Shigeru, se retrouve dans un monastère bouddhiste parce que son père l'a envoyé dans cet endroit pour se former et qu'il bout d'impatience d'en sortir.

"Chaque jour, Shigeru s'attendat à commencer ses leçons avec Matsuda. Toutefois il ne voyait pas venir le vieil homme et personne ne lui parlait sinon pour lui enseigner la doctrine de l'illuminé en compagnie des autres novices. Levés à minuit, les moines priaient en méditation jusqu'à l'aube avant de prendre le premier repas de la journée - un peu de riz bouilli mélangé avec de l'orge. Puis il se consacraient aux tâches quotidiennes du temple : balayer, laver, entretenir jardin et potagers, même si ces activités à l'extérieur étaient écourtées par la pluie. Les novices passaient trois heures à étudier, lire les textes sacrés et écouter le commentaire de leur maître. Après avoir pris une nouvelle collation durant la première demie de l'heure du Cheval, ils retournaient dans le bâtiment principal pour prier et méditer.
Plus tard dans l'après-midi, ils faisaient des exercices conçus pour les entrainer à maîtriser leur puissance vitale et rendre leur corps aussi fort que souple. Shigeru constata que ces exercices avaient un rapport avec le maniement du sabre par la position et les mouvements qu'ils comportaient, mais sans exiger la même rapidité. Cependant les garçon ne tenaient jamais un sabre dans les mains. Les hommes plus âgés s'entraînaient au même moment avec des bâtons. (...) Quand l'entrainement physique était terminé, ils prenaient encore un repas - des légumes et un peu de soupe - puis se couchaient au crépuscule afin de dormir quelques heures avant minuit. (...)
Le pire moment était celui qui suivait le repas du midi. Assis en tailleur sur des coussins noirs et durs dans la salle obscure, ils dodelinaient de la tête en essayant de ne pas fermer les yeux. L'air était confiné, chargé de relents d'encens, d'huile de cire. Souvent le prêtre dirigeant la méditation marchait en silence parmi eux et sa main s’abattait avec une vigueur soudaine sur une oreille ou une nuque. Le coupable se réveillait en sursaut, les yeux brillant et les joues empourprées.
Shigeru redoutait d'être ainsi frappé. Il ne craignait pas la douleur mais la honte d'une telle scène. Il lui était impossible d'oublier qu'il était l'héritier du clan des Otori (...)
Lorsqu'il n'eut plus la force de garder les yeux ouverts et sentit tout son corps s'affaisser pour dormir, le prêtre le gifla sans brutalité, juste assez fort pour le réveiller. Même s'il n'avait pas mal, toutefois, Shigeru fut envahi par une telle rage qu'il crut qu'il allait défaillir s'il ne frappait pas quelqu'un sur le champ. Serrant les poings et la mâchoire dans son effort pour se maîtriser, il tenta de plier ses émotions au rythme paisible et aux paroles sans passion des sutras, en renonçant à toute lutte et tout désir...
Mais c'était impossible; Il avait beau être assis immobile, son cœur bouillait de colère. Il débordait de désir, de passion, d'énergie. Pourquoi gaspillait-il sa force dans cet endroit morne et stérile? Il n'avait pas à rester puisqu'il perdait son temps. On ne lui dispensait même pas l'enseignement qu'il avait attendu avec tant d'impatience. (...)
Il décida de s'en aler le matin. (...)
Avant qu'il puisse parler, le vieil homme lui dit :
-Ne vous asseyez pas, sire Shigeru. Aujourd'hui, vous devez vous rendre auprès de Matsuda
-Pour quoi faire? répliqua Shigeru non sans impolitesse, pris de court par ce contretemps imprévu
-Il vous le dira
Le professeur lui sourit et saisit le rouleau qu'il voulait dicter.
-Ecrivez, lança-t-il aux autres novices. "les causes de la souffrance humaine sont multiples."
-Où le trouverai-je? demanda Shigeru.
-Il vous attend dans sa cellule, de l'autre côté du cloître.(...) " Etre éveillé est le propre de la vie. Le sot dort comme s'il était déjà mort"
(...)
Matsuda était débout, habillé comme pour un voyage
-Ah sire Shigeru. La pluie a cessé. Nous pouvons partir aujourd'hui
-Où allons-nous, sire Matsuda?
-Nous allons étudier l'art du sabre. N'est-ce pas pour cela que votre père vous a envoyé ici? (...)
Matsuda lança par dessus son épaule
-Mais peut-être avez-vous décidé de nous quitter?
-Je ne partirai pas sans vous consulter
-Vous êtes l'héritier du clan, sire Otori. Vous pouvez agir à votre guise. Il est inutile de consultez un vieil idiot comme moi
Shigeru se sentit rougir. Il ne pouvait rien dire soit il se fachait et s'en allait, soit il suivait Matsuda avec docilité. La gorge serré. Il ravala sa colère
-Vous m'avez fait un grand honneur en acceptant d'être mon professeur, déclara-t-il. Je crois que je suis plus idiot que vous ne l'avez jamais été.
-C'est bien possible, grommela le vieillard en souriant intérieurement. mais qui n'est pas un idiot à quinze ans?"
Il s'ensuit un récit d'apprentissage entre maître et disciple assez passionnant.

Lian Hearn - Le Clan des Otori, tome 1 : Le Silence du Rossignol

"Au XIVe siècle, dans un Japon médiéval mythique, le jeune Takeo grandit au sein d'une communauté paisible qui condamne la violence. Mais celle-ci est massacrée par les hommes d'Iida, chef du clan des Tohan. Takeo, sauvé par sire Shigeru, du Clan des Otori, se trouve plongé au cœur de luttes sanglantes entre les seigneurs de la guerre.
Il doit suivre son destin. (...) Lorsqu'il rencontre la belle Kaede, un amour fou naît entre les deux jeunes gens : devra-t-il choisir entre cet amour, sa dévotion à sire Shigeru et son désir de vengeance ? Sa quête le mènera jusqu'à la forteresse d'Inuyama, lorsqu'il marchera sur le " parquet du Rossignol ". Cette nuit-là, le rossignol chantera-t-il ?

J'aime particulièrement ce passage où Takeo s'entraine à l'escrime avec Kaede qu'il vient tout juste de rencontrer. Ils ont 15 ans tous les deux.

"Je pris mon bâton à contrecœur. Dehors la pluie redoublait de violence. La salle était plongée dans une lumière verdâtre qui estompait les contours. Nous semblions perdus dans un monde à part, isolé de la réalité, ensorcelé.
La reprise ressembla d'abord à un entrainement ordinaire, chacun de nous essayant de déstabiliser l'autre, mais j'avais sans cesse peur d'atteindre son visage et elle ne me quittait pas des yeux. Nous étions tous deux hésitants, embarqués dans un jeu étrange dont nous ignorions toutes les règles. Puis, sans que je puisse dire à quel instant, le combat se transforma en une sorte de danse. Un pas, un coup, une parade, un pas. Le souffle de Kaede s'accéléra, faisant écho au mien, jusqu'au moment où nous respirâmes à l'unisson, où ses yeux se mirent à briller dans son visage illuminé, où nos coups se firent plus violents et le rythme de nos pas plus trépidant. Par moment je dominais, puis c'était son tour, mais aucun de nous ne parvenait à prendre le dessus - en avions-nous seulement envie?
Enfin, presque par erreur, je déjouai sa garde et préférai lâcher mon bâton plutôt que de risquer de toucher son visage, Aussitôt, Kaede abaissa son propre bâton et lança:
-Je me rends
-c'était bien commenta Shizuka, mais je pense que Takeo aurait pu y mettre plus d'énergie.
Je restais debout, les yeux fixés sur Kaede, en ouvrant la bouche comme un idiot. Je me dis "Si je ne la serre pas dans mes bras maintenant, j'en mourrai"
Kenji me tendit une serviette et me donna une bonne tape en pleine poitrine
-Takeo... commença-t-il
-Quoi? dis-je d'un air hébété
-Essaie de ne pas tout compliquer!"

Ce passage décrit bien un micro-moment d'amour dont parle Barbara Frederickson dans Love 2.0 Finding Happiness and Health in Moments of Connection. On retrouve les trois points importants:
- partage d'une émotion positive
- synchronisation physiologique et physique
- Volonté consciente d'aider l'autre.

J'aime aussi ce passage parce qu'ils se donnent des coups de bâtons, ce qui n'est pas sans évoquer le Kyosaku. Les vibrations que l'on ressent lorsqu'on reçoit le Kyosaku donnent un tel effet de réel....

Tordage de nez

 Commentaire d'un commentaire d'une page de bd qui raconte comment un disciple de Kapleau à tordu le nez de Douglas Harding
 http://eveilphilosophie.canalblog.com/archives/2018/03/09/36212705.html

"Ce n est pas parce que l on vit l éveil que l on doit tout accepter. Il y a des comportements déplacés et celui là en est un. Je ne pense pas qu il y avait une raison spirituelle" Nicolas

ahahah une raison spirituelle!. Je pense que c'était une façon de rappeler à Douglas Harding qu'un éveil désincarné est une illusion. Et que contrairement à ce qu'il pense, il n'a pas complètement perdu la tête.

Qu'il se soit mis en colère ou pas n'aurait rien changé à la leçon. Est bien arrogant celui qui prétend faire la leçon aux autres sans jamais en recevoir.

"Mais je connais son histoire et sait toute l énergie qu il a dépensé pour transmettre ce cadeau. Il est tout à fait normal que ce "tordage" de nez ne lui ai pas plus. On en revient tjrs au fait que l être humain accepte difficilement ce qui lui ai donné"Nicolas

Douglas Harding n'a visiblement pas apprécié à sa juste valeur le cadeau de Kapleau. Plus le cadeau est gros plus il est difficile à accepter. Un coup de Kyosaku sur l'épaule aurait peut-être été plus sympathique qu'un tordage de nez et peut-être moins contre-productif. Parce qu'au final il n'est certain que Douglas Harding ait compris la leçon. Les éveillés ne sont pas toujours très malin.

A propos des renaissances.

  1. "Sa propre promotion au sein du système SKM ne l’intéresse pas, il s’intéresse au bien des êtres. La réincarnation ne fait pas partie de ses préoccupations."

    Mais c'est quoi le bien des êtres si ce n'est leur libération du cycle des renaissances.

    Dogen critique sévèrement le taoïsme:
    "Ils prennent pour essentiel la science de servir le Seigneur avec loyauté et de gouverner la famille durant à peine une vie."

    Maître Dôgen - Le moine ayant atteint le quatrième stade de méditation [Shizen-biku] - Shôbôgenzô, la vraie Loi, Trésor de l'Oeil - Tome 8

    Derrière le "à peine une vie" il faut entendre une critique de la vision court-termiste de celui qui souhaite sortir du réincarnationisme

    Mais si d'un côté il fustige ceux qui ne croient pas à la Loi de causalité (qui implique une rétribution karmique) d'un autre
    il insiste sur l'importance de faire passer les autres avant soi-même au moment de la libération.

    Pour des questions de cohérence on est bien obligé de maintenir comme un choix éthique également valable les renaissances et la libération.

    L'erreur c'est surtout de confondre réincarnation et renaissances.
    Quelqu'un qui se convertit à une autre religion change de nom, ce n'est plus la même personne même s'il fallait bien qu'il y ait quelqu'un au préalable. Entre deux renaissances il y a un lien causal mais presque rien en commun. On donne l'image des deux plateaux quand l'un descend l'autre monte sans rien qui passe de l'un à l'autre.
    On peut donc concilier absence de soi et continuité causale à travers la notion de renaissance.
    Même si la personne qui va renaitre à ma mort ce n'est pas vraiment moi, d'un point de vue éthique, je ne dois pas lui pourrir karmiquement sa prochaine existence.

    Dire "La réincarnation ne fait pas partie de ses préoccupations" me semble fallacieux.
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  2. Oui, j’aurais dû dire qu’elle ne fait pas partie de mes préoccupations :-)

    Blague à part, on peut opposer des citations et les opinions des divers maîtres, il reste un fait que le Bouddha vivait dans un monde, où cette croyance était répandue. Selon sa légende, lui-même, en tant que śramaṇa avait cherché à sortir du système SKM. Et en tant qu’instructeur il enseigna aux śramaṇa comment en sortir, tout comme il pouvait enseigner aux brahmanes conformément au brahmanisme, en utilisant la terminologie et les images brahmanistes. « Croyait »-il en Brahma, à la réincarnation, à la réalité du SKM ? Il enseigna la libération (mokṣa) ou le nirvāṇa. Cette liberté-là a-t-elle besoin de la réincarnation ? Le chemin vers cette liberté passe-t-il par la croyance en la réincarnation ?

    En revanche, il a dit que le désir ou la soif (rāga) d’une existence sensorielle (kāma), matérielle subtile (rūpa) ou immatérielle (arūpa) était une entrave à la libération. A chacun de voir si sa croyance en la réincarnation comporte le désir d’une de ces existences, et pourrait être une entrave. On pourrait déduire de cela que même le désir de ne pas/plus exister pourrait être une entrave aussi, même si on voit mal de quelle façon on existerait si ce n’est ni matérielle, ni matérielle-subtile ni immatérielle.

    Le bouddhisme n’est pas une foi qui libère. Le Bouddha n’oblige pas de « croire » en le karma et la réincarnation, et une telle « croyance » n’a en soi riend de libérateur. Il ne fustige pas non plus ceux qui n’y « croient » pas. Il dit de s’abstenir des actes non-vertueux et de pratiquer les vertus, ça oui, il le dit et il l’enseigne. Après, qu’est ce qui peut nous motiver à le faire en effet, c’est une question de disposition je pense.
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  3. Oui, je suis d'accord. Il y a de nombreux passages dans lesquels le Bouddha dit que la croyance en la réincarnation peut être un obstacle à la libération.

    "On pourrait déduire de cela que même le désir de ne pas/plus exister pourrait être une entrave aussi"

    C'est pourquoi dans le zen soto, on ne recherche pas l'éveil et que l'on considère que c'est la pratique elle-même qui est l'éveil ("s’abstenir des actes non-vertueux et de pratiquer les vertus")

    "Le Bouddha n’oblige pas de « croire » en le karma" mais il dit dans un soutra (Soutra de la pousse de riz) que celui qui comprend le karma, la loi de causalité comprend le Dharma. Celui qui comprend, parce qu'il en fait l'expérience, n'a pas besoin d'y croire.

    Poser le problème en terme de croyance c'est à mon avis mal poser le problème.

    Dans le zen on dit parfois qu'on peut expérimenter en zazen la transmigration dans les six mondes d'existence. A partir du moment où vous en faites l'expérience vous ne le posez plus en terme de croyance. Mais cela ne suffit pas pour nous motiver.

    Dogen écrit :
    "Il y en a qui ont obtenu, de façon innée, le pouvoir surnaturel de connaître leurs vies antérieures. Et pourtant, ils n'ont pas pour autant obtenu la graine de l'éveil parfait ; ils auraient plutôt éprouvé l'effet de leurs mauvais actes. "

    Se souvenir de ses vies antérieures n'aide pas contrairement au fait d'éprouver les conséquences négatives de nos actes.

    Or nous avons tendance à dire que ce qui importe c'est l'instant présent. Et nous nous représentons cet instant présent comme un point qui se déplace sur la ligne du temps. Réincarnation ou pas nous nous identifions à ce point.
    Celui qui s'éveille par la pratique prend conscience que l'instant présent n'est pas un point sur la ligne du temps mais la ligne du temps elle-même. C'est à partir de là que nous disons dans le zen qu'il n'y a plus ni vie ni mort. Cela élargit considérablement la perspective (ou la retourne) sans contredire l'idée de renaissance.
    Nous savons que nos acte vertueux porteront leur fruits. Et ce qui nous semble une bonne disposition innée n'est jamais qu'une bonne disposition acquise dans une vie précédente.

    Et de ce fait, effectivement, les renaissances cessent d'être une préoccupation.
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  4. Je fais la différence entre la production conditionnée (causalité), dont on peut faire l’expérience et les spéculations d’une nature plus anecdotique, et dont on ne peut pas faire l’expérience ni établir des liens de cause à effet, ici et maintenant. Comme vous dites, imposer une croyance ou fustiger le manque de croyance, ce serait mal poser le problème d’un point de vue bouddhiste.

    Au niveau du Dharma, de la production conditionnée, et de la pratique, on peut travailler sur les passions (kleśa), qui sont les causes des « six mondes ». Après, la façon d’éprouver les effets de ces passions, c’est anecdotique. Ce qui concerne un bouddhiste est le travail sur les causes. Même le pouvoir surnaturel de connaître ses vies antérieures, devait-il exister, ne le concerne pas. Autant regarder Netflix.

    Je suis d’accord en grande partie avec vous. Quant à savoir que nos actes vertueux porteront leurs fruits, c’est évidemment ce que l’on espère. Mais sur ce point, je suivrais plutôt la notion des actes désintéressés du Bhagavan Gita. Même si le fruit ne se produit pas, j’aurais bien agi. Ou Seneca qui dit que la récompense de la vertu est la vertu.
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  5. Curieusement ce qui me choque dans votre réponse c'est le "Autant regarder Netflix." Au delà de la provoc, je ne sais pas trop pourquoi ça me choque autant. Vous voulez dire par là que vous ne vous sentez pas plus concerné par vos vies passées que si c'était du cinéma.

    Ça m'évoque deux choses que j'ai lu chez Ian Alexander qui est passé sur votre blog pour vous parler "Chakras" (ce qui m'a bien fait rire)
    D'une part c'est de sous-estimer à quel point le cinéma et les séries sont susceptibles d'avoir une mauvaise influence sur notre psychisme. (j'avoue ne pas connaitre l'offre Netflix). J'ajoute pour ma part qu'il semblerait même selon pas mal d'études que la catharsis en tant que purification des passions soit une grosse ânerie.

    D'autre part, il s'était étonné sur son blog qu'un traducteur de textes bouddhistes qu'il avait rencontré IRL se sente aussi peu concerné par ce que racontaient les textes qu'il traduisait, notamment sur le plan pratique.

    Je ne dis pas que c'est votre cas.

    Au delà du caractère très secondaire de la connaissance de mes vies antérieures, j'avoue que je ne détesterais pas rencontrer un maître qui me dirait où j'en suis sur la voie, quelle est la prochaine étape et comment gravir la prochaine marche. Et si au passage il pouvait réparer mon appareillage énergétique, je ne dis pas non. ...Pour pouvoir mieux aider les autres ensuite, évidemment. Alors que Netflix... Passons...

    J'ai néanmoins beaucoup de gratitude pour les traducteurs qui mettent à notre disposition tant de textes. Merci, au passage.
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  6. Merci de votre message. La remarque sur Netflix est un peu provocatrice, je le concède. Les Jatakas qui racontent des vies anétrieures du Bouddha sont très distrayants, et édifiants comme peuvent l’être les fables. Pour le reste, je n’en tire pas grand-chose. Je suis à la limite plus intéressé par la vie future. J’espère que vous rencontrerez un maître qui vous racontera vos vies passées et qui vous aidera à réparer votre appareillage énergétique. :-)
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  7. Je suis désolé j'ai l'esprit d'escalier je viens de comprendre ce qui me choque dans "Autant regarder Netflix". Ce serait l'idée que si nous n'avons pas de moi substantiel, une expérience en troisième personne équivaudrait à une expérience en première personne.
    Or comme le dit Nietzsche "Personne ne peut tirer des choses, y compris des livres, plus qu’il n’en sait déjà. Ce à quoi l’on n’a pas accès par une expérience vécue, on n’a pas d’oreilles pour l’entendre" C'est évident pour les chakras.

    Le pouvoir de connaitre ses vies antérieures et futures s'accompagne parfois du pouvoir de connaitre les vies antérieures et futures des personnes à qui on s'adresse... ce qui permet d'adapter son discours à la personne à qui on s'adresse.

    C'est probablement ce qui m'a fait rire en lisant Ian Alexander. Bien que ne bénéficiant pas d'un tel pouvoir son discours m'a semblé peu adapté à ce blog. Je me trompe?

    Pour finir: Les deux inconvénients de ne pas croire aux renaissances c'est d'errer en vain de vie en vie et l'autre c'est de répéter indéfiniment les mêmes erreurs sans le savoir.
    C'est probablement ce qui fait de la pensée de l'éternel retour, une pensée possédant par elle-même une efficacité libératrice pour Nietzsche.

Monde invisible

Je voulais reprendre ici ce que j'écrivais en commentaire d'un article de blog qui s'intitulait "Laisser tomber les divinités bouddhiques ?" pour le développer un peu.

Je ne pense pas qu'il soit indispensable, du moins au début, de se relier au monde invisible (dans lequel les yidams sont loin d'être des abstractions) mais nier ce monde invisible me semble aussi stupide que si un aveugle niait l'existence des couleurs sous prétexte qu'il ne les voyait pas.
Je soupçonne les tibétains de tenir un double discours l'un exotérique pour les occidentaux aveugles et un autre plus ésotérique pour les initiés sans y voir pour autant de la malveillance bien au contraire. 
Il s'agit de s'adapter au niveau spirituel des personnes à qui on a affaire. A quoi bon parler de l'existence de ce que l'autre ignore puisqu'il y est totalement insensible et qu'il y a peu de chances que cela change. Autant éviter les dialogues de sourds avec des aveugles. C'est du bon sens.

Cela ne me semble pas indispensable également parce que rares sont les yidams disposés  à nous aider.
Les yidams ont probablement mieux à faire que de s'occuper de créatures aussi peu évoluées que nous. C''est ce en quoi je rejoins Epicure : Les dieux existent mais ils ne sont pas à craindre."

L'article ouvrait sur l'idée d'un bouddhisme plus séculier telle qu'on l'a trouve chez Stephen Batchelor et concluait sur :
" En conclusion, je dirai que le bouddhisme gagnerait à sortir de la foi du charbonnier et à mettre en avant une philosophie rationnelle plutôt que son aspect strictement dévotionnel et affectif. "
Le problème c'est que la plupart des gens n'ont pas accès du tout au monde invisible et n'en ont qu'une connaissance par oui dire. Or il est difficile d'avoir la bonne attitude par rapport à cette connaissance par oui dire. 

Soit on est dans le déni en rejetant tout dans le trou noir des superstitions. Il faut dira aussi que beaucoup de gens en parlent à partir de cette connaissance par oui dire sans en avoir l'expérience d’où le l'impression d'avoir souvent affaire à du grand n'importe quoi.

Soit on y accorde foi pour des raisons qui peuvent être plus ou moins bonnes.  
L'une des raisons d'y donner foi c'est qu'il semble peu probable de faire l'expérience de ce monde invisible si on n'est pas dans une bonne disposition d'esprit. Être dans le déni est le meilleur moyen de s'en interdire l'accès. C'est ce qui fut longtemps ma position.

Mais avant cela on pourrait se demander l'intérêt d'accéder à ce monde invisible. Il semble quand même de peu d'intérêt à moins d'en faire commerce que ce soit pour de bonne raison comme soigner les gens ou pour de mauvaises raisons comme faire fortune. Il ne faut pas passer sous silence non plus que ce n'est pas sans danger. Plus d'un y ont perdu la raison.  Il me semble donc défendable d'être dans le déni pur et simple du monde invisible. C'est le meilleur moyen pour que celui-ci vous laisse tranquille. D'autant plus qu'à moins d'être bien entouré par des gens qui en ont l'habitude et en qui il serait souhaitable d'avoir confiance il est délicat de savoir exactement à quoi on à affaire.

Sur ce sujet,  j'ai changé d'avis. Il me semble désormais qu'un accès minimaliste et progressif peut être bénéfique à condition de cultiver de bonnes dispositions d'esprit et de combattre ses démons personnels. Autant dire que le gros du travail à faire, du moins dans un premier temps, ne se situe pas dans le monde invisible. En effet, l'autre gros danger du monde invisible c'est de courir après des chimères sur fond d’ennui. Ce qui est le meilleur moyen d'y perdre sa raison. Si s’intéresser au monde invisible permet de devenir une meilleur personne, alors pourquoi pas, sinon autant laisser tomber.

Fleurs de basilic Thaï

C'est le Basilic thaï qui se porte le mieux et qui nous montre ses premières fleurs.

Joshin Luce Bachoux - Tout ce qui compte en cet instant

Voici à nouveau le livre d'une nonne zen. Il s'agit de petites tranches de vie saisie le plus souvent sur le vif. C'est parfois léger et inégal mais au moins ça ne ressasse pas trop les lieux communs du zen. Il date de 2009.

"Dans la salle d'attente du dentiste, je feuillette distraitement une revue jusqu'au moment où mon regard s'arrête sur les photos : ici un bassin aux lotus entouré d'herbes aquatiques (...) Depuis que je vis dans les montagnes, la nature m'appelle"

Encore un livre qui s'ouvre sur Mujo seppo, le chant du monde.

"Je me souviens que lorsque j'étais plus jeune, ma mère me répétait que je ne savais pas voir un arbre:"il faudrait qu'il te morde le nez" (...) "Plus tard pourtant (...) je compris ce qu'elle voulait dire :  pour la première fois je voyais un arbre, puis un autre, et d'autres encore... Non seulement ils étaient tous différents, mais je découvrais que le vert se déclinait en mille nuances en reflets inépuisables." C'était comme un éveil au monde; je vois que le doux frémissement argent des oliviers se détachait sur le vert profond des grands cyprès; que le vert fané des feuilles de chêne ne se confondait pas avec la douceur des amandiers.. (pourtant, longtemps encore la nature n'allait rester qu'un cadre pour mes plaisirs et mes émotions. Mais à vivre dans la beauté petit à petit, le cœur s'éveille. Ce fut la montagne qui me l'enseigna (...) je pris conscience de mon poids sur la terre et de la solidité de la terre sous mes pieds. Je marche sur du vivant"

Ah j'ai eu peur qu'elle n'arrive pas à la dimension vivante de ce qui nous entoure.C'est une chose de percevoir la beauté du monde. C'en est une autre d'en percevoir le caractère vivant.

---------Edit------------

Je viens de le terminer. Je reviens sur ce que j'ai écrit. Ce n'est pas toujours léger mais c'est souvent profond. Comme par hasard les deux chapitres que je préfère sont ceux qui ouvrent et ferment le livre.

"- Que fais-tu grand-mère, assise là, dehors, toute seule?
-Eh bien, vois-tu, j'apprends. J'apprends le petit, le minuscule, l'infini. J'apprends les os qui craquent, le regard qui se détourne. J'apprends à être transparente, à regarder au lieu d'être regardée. (...)
-Comment est-ce que tu apprends tout cela, grand-mère?
-J'apprends avec les arbres, et avec les oiseaux, j'apprends avec les nuages. J'apprends à rester en place, et à vivre dans le silence. J'apprends à garder les yeux ouverts et à écouter le vent, j'apprends la patience et aussi l'ennui. (...) J'apprends à passer sans laisser de traces, à perdre sans retenir et à recommencer sans me lasser. J'apprends à me réjouir au début du printemps et à la fin de l'automne, à voir un arc-en-ciel dans une goutte de pluie et une vie entière dans une gouttelette de soleil qui scintille sur une pierre. (...)
-Grand-mère, je ne comprends pas, pourquoi apprendre tout ça?
- (...) Parce que, avec l'élan de la vague et le long retrait des marées, j'apprends à voir du bout des doigts et à écouter avec les yeux. J'apprends qu'il n'est pas de temps perdu, ni de temps gagné mais que l'infini est là, dans chaque instant, cadeau trop souvent refusé dans le torrent des jours.
 C'est étonnant je pensais que Mujo Seppo était une thématique que l'on trouvait assez peu chez les occidentaux... Évidement, à force de fréquenter des pensées extra-occidentales on commence à écouter avec les yeux et voir en touchant le réel. 

Pour conclure je dirais que c'est un livre très agréable à lire. Il y a quelques chapitres sur ses séjours au Japon, on aurait bien aimé qu'il y en ait davantage.  Plusieurs chapitres m'ont vraiment touché mais je n'en dirais pas plus.

Tulsi ou basilic sacré

Malgré le fait que j'en consomme quotidiennement, voici à quoi ressemble mes trois pots de tulsi au 23 mars 2018.  A droite c'est ce que je prélève chaque jour que je mélange à un sachet de trois sortes de tulsi déshydraté. Les fleurs sont ce qui donne une saveur exceptionnelle à cette boisson. De plus, en déshydraté, le tulsi perd une partie de ses qualités mais je n'ai pas assez de tulsi en pot pour n'en consommer que du frais quotidiennement mais j'espère que ça viendra. J'ai l'intention d'en faire pousser dans mon jardin du vivace.

Petite revue de presse sur le Tulsi
"Certains des métabolites les plus importants de Tulsi sont: l’eugénol, la lutéoline, le géraniol, le thymol, le linalol, le camphre, le chavicol de méthyle, le citral, le taxol, le safrol, l’acide ursolique, l’apigénine…
L’acide ursolique, l’apigénine et le taxol sont impliqués dans les propriétés anti-cancer ; le citral dans les propriétés antiseptiques ; l’eugénol dans les propriétés anti-infectieuses, etc. 

En 2003, une équipe de scientifiques Indiens a analysé la quantité d’Eugénol présente dans les huiles des différentes parties végétales, de plantes cultivées de Tulsi, dans le sud du pays : 72.5%, 75.3%, 83.7% et 65.2% respectivement pour la plante entière, les feuilles, les tiges et les fleurs.

La seconde substance la plus présente après l’Eugénol était le β-caryophyllène (un terpène que l’on retrouve aussi en abondance dans les huiles essentielles du giroflier, du poivre noir, du romarin, du houblon, de l’origan, de la cannelle et … du cannabis. Car le β-caryophyllène est un cannabinoïde : c’est ce qu’a découvert une équipe de scientifiques Suisses et Allemands en 2008. [1] Et pas n’importe quel cannabinoïde: il agit spécifiquement sur les récepteurs CB2. C’est un agoniste fonctionnel CB2 et la recherche a, amplement, démontré l’extrême intérêt des cannabinoïdes sélectifs CB2 pour soigner l’arthrite [2], la cystite [3], la sclérose en plaques [4] et la démence associée au virus HIV [5].

Une étude récente (en 2013), des Dr. Racz et Dr. Zimmer, met en exergue les propriétés anti-inflammatoires du β-caryophyllène. Ils ont découvert, dans leurs essais cliniques, que le β-caryophyllène (oralement consommé) est beaucoup plus puissant que des injections de cannabinoïdes CB2 JWH-133 de synthèse." http://blog.kokopelli-semences.fr/2015/10/lepopee-des-cannabinoides-vediques-de-la-tulsi-a-la-ganja/
"Riche en antioxydants, le basilic sacré protège des effets du vieillissement et conserve l’intégrité des cellules soumises à des radiations néfastes en augmentant les taux de superoxyde dismutase et de superoxyde catalase, deux puissants antioxydant, comme le démontre des études effectuées sur des souris. (2)
Par ailleurs, cette plante calme le système nerveux et procure des effets adaptogènes qui fortifient l’organisme face au stress, diminuant ainsi la fatigue causée par le surmenage. Sa capacité de tonique nerveux réduit l’anxiété, aide à stabiliser l’activité mentale et soigne les états dépressifs ou apathiques. Les recherches suggèrent qu’il agit comme un analgésique inhibiteur de COX-2, apaisant la sensation de douleur.
De plus, le basilic sacré procure un effet anti-inflammatoire utile contre les inflammations bénignes et chroniques qui caractérisent l’état de certaines personnes vieillissantes ou stressées. (3)
Conséquemment, il s’agit d’un allié précieux dans la prévention du cancer et des maladies dégénératives. C’est aussi pour cela qu’il est considéré comme une plante dite rasayana en Ayurvéda, soit une plante régénératrice ou de jouvence.

Un allié pour l’immunité
Le basilic sacré est fréquemment employé pour soigner une variété de maux courants tels que les rhumes, grippes, congestions nasales et pulmonaires ainsi que les fièvres. Une variété de propriétés lui permet de ce rendre utile dans ces circonstances.
Diaphorétique, il aide les fièvres à aboutir en sudation et à prendre le dessus sur les infections. Légèrement antiseptique, antiviral et expectorant, il atténue les symptômes de la grippe et du rhume tout en éliminant les excès de mucus. Enfin, le basilic sacré agit directement pour stimuler et moduler le système immunitaire, ce qui contribue à le fortifier tout en soulageant en partie les réactions allergiques.

Un adjoint dans le contrôle du diabète
Des études cliniques effectuées sur des personnes diabétiques de type II consommant du basilic sacré démontrent des réductions importantes des taux de sucre observés à jeun. L’une d’elle a mesuré une réduction de 17,6% à cet effet. Le basilic sacré est donc considéré glycémiorégulateur, ce qui peut d’autre part contribuer à stabiliser l’appétit et à diminuer les fringales de sucre. (4)


Précautions de mise
À partir d’une certaine concentration, les huiles essentielles du basilic sacré sont potentiellement toxiques pour les embryons, bien que cela reste encore à démontrer. Ainsi, il vaut mieux éviter son usage pour les femmes enceinte et celles qui veulent le devenir, surtout s’il s’agit d’un produit qui concentre ses huiles essentielles.
Par ailleurs, des études préliminaires indiquent que l’activité du cytochrome P-450 pourrait être stimulée par le basilic sacré, ce qui accélèrerait l’élimination de certains médicaments.
Enfin, le basilic sacré est une plante réchauffante dont l’usage prolongé ne convient pas aux personnes dites « pitta » en Ayurvéda : celles-ci auront un tempérament plus impatient et colérique, des excès de chaleur, d’appétit et de libido, par exemple. En revanche, cet aspect réchauffant sera utile pour stimuler la digestion pour ceux et celles qui en ont besoin, tandis que son contenu en huiles essentielles prévient la formation de gaz dans l’intestin."
http://www.infonaturel.ca/Herbes_et_Plantes/Basilic_sacre.aspx

Le basilic est riche en huiles essentielles. C'est une plante réchauffante qui attise le feu digestif. Il permet d'éviter la fermentation responsables des ballonnements. Ses huiles essentielles équilibrent le système nerveux central, elles sont antispasmodiques, expectorantes, ainsi qu'anti-inflammatoires et anti-oxydantes en raison de la présence d'acide rosmarinique, 10 fois plus puissant que la vitamine C ou la vitamine E. C'est surtout la présence de stérols qui rendent le basilic intéressant, faisant de lui une plante qui supporte les glandes surrénales pour une meilleure gestion des émotions et du stress.
D'un point de vue subtil, le basilic aide à guérir les blessures survenant à l'occasion de relations mal vécues. On ne s'étonnera pas de ses effets sur la confiance en soi, qu'il renforce, en raison de son action tonique des surrénales.

Il existe une autre espèce de basilic bien connue des Yogis : le basilic sacré (Basilicum sanctum), plus connu sous le nom indien de « Tulsi ». Considéré comme une plante sacrée, on vénère en lui l'incarnation de la Mère Divine sur Terre. Le « Tulsi » une plante adaptogéne et anti-dépresseur. Il diminue le taux de cortisol sécrété par les glandes surrénales et est en cela propice à la méditation puisque lui aussi permet de diminuer le stress.
http://www.adityam-yogamassage.com/herboristerie/2016/9/6/le-basilic-pour-une-meilleure-gestion-du-stress
Je me demande si je ne vais ouvrir une rubrique jardinage...

Prunus Japonica.










Sinon j'ai planté mes graines de Basilic citron, Basilic cannelle, Basilic Thaï, Basilic grand vert, basilic géant monstrueux et basilic sacré. Les graines de basilic sacré je les ai trouvé sur ma plante mais c'est les seules qui n'ont pas germés. Au bout de quelques jours ça donne ça:





Lanau, 28 février, 7h30, -12°

La veille, j'avais médité dehors 35 minutes alors qu'il faisait autour de zero degré sans avoir froid malgré le vent. J'étais curieux de savoir combien de temps je pourrais tenir à -12°. 
J'ai tenu 15 minutes sans avoir froid mais je pense que j'aurais pu tenir plus longtemps si j'avais mis ma polaire sur mes pieds. Par contre, le maître m'a gentiment demandé de ne pas recommencer de sortir du Dojo pour aller faire zazen seul dans mon coin. La pratique du zen dans le zen soto est une pratique collective. Il m'a néanmoins autorisé à faire zazen dehors en dehors des zazen si je suis discret. 
Le lendemain, pendant la journée de repos je suis retourné faire zazen dehors torse nu alors qu'il faisait 4° mais plus haut dans la montagne où les rafales de vent étaient bien fraiches. J'ai été étonné de la différence de sensations entre torse nu et avec un t-shirt comme si le t-shirt empêchait l'air de sortir. J'ai tenu 40 minutes sans avoir froid et j'ai trouvé ça plus agréable que le premier jour. Le dernier jour je suis allé méditer dehors après le 5éme zazen de la journée alors que je commençais à avoir mal au dos et aux jambes. Curieusement, une fois dehors, les douleurs ont totalement disparus mais j'ai du m'arrêter pour faire les claquettes à 22h30 ce qui consiste à annoncer l'heure du coucher avec deux morceaux de bois que l'on frappe trois fois dans chaque couloir devant les chambres. A -12° j'ai été étonné de transpirer à grosse goutte après avoir trembloté pendant 5 bonnes minutes sans trouver ça désagréable. J'ai eu l'impression de pouvoir diriger mon souffle dans les différentes parties de mon corps avec un sentiment étonnant de présence. C'est la première fois que je voyais autant de vapeur sortir de mon nez mais ça ne l'a pas fait tout de suite. J'espère que j'aurais l'occasion de recommencer car c'était bien agréable. Je trouve que c'est un formidable exercice de lâcher prise qui consiste à laisser le corps s'adapter à la température extérieure en étant attentif aux sensations dans toutes les parties du corps mais sans s'identifier à elles.

----------Edit-----------

La première chose que m'a dite le maître c'est "fait ça chez toi mais pas ici" je lui ai répondu "mais chez moi il ne fait pas aussi froid!". Là où j'habite on ne descend jamais à -12° mais en ce moment les températures avoisinent les 0° et franchement 0° ce n'est pas si mal. Avant hier je suis resté 30 minutes dehors, torse nu à 0° et j'ai à nouveau vu la vapeur sortir de mes narines et de grosses gouttes de transpiration me couler le long des flancs. Je pense que je n'aurais pas pu tenir plus longtemps au point où j'en suis. Par contre hier ce fut plus difficile car il faisait humide et il y avait du vent. J'ai fait 10 minutes à l'intérieure de ma veranda à 9° puis 10 minutes à l'extérieur à 6° (par' curiosité) mais comme il pluviotait avec du vent, c'était vraiment trop désagréable je suis rentré et j'ai refait 10 minutes à 9°.

Liliann Manning - Le self - Normalité et pathologie

Ce livre est passionnant et thématise la question du self en croisant les apports des neurosciences cognitives et de la phénoménologie en montrant que ces perspectives théoriques peuvent apporter à une approche clinique et donc thérapeutique. Le self c'est ce qui fait notre identité et la manière dont on le vie en première personne. C'est:

"Un ensemble de processus neurocognitifs permettant les sentiments de cohérence, individualité et unité qui nous définissent comme personne"

Ce qui est passionnant c'est le rapport entre le sentiment d'unité et la pluralité des processus qui sous-tendent cette unité. Je ne vais pas résumer le livre qui lui-même contient énormément de synthèses de travaux de philosophes et de scientifiques, de James à Merleau-Ponty en passant par Heidegger et Varela. Comme d'habitude je vais au passage qui m'a le plus intéressé :La théorie dialogique du self.

La description du self qui est au cœur de cette théorie comporte l'idée d'un ensemble complexe de parties qui interagissent. Cette interaction est flexible et créatrice, et en aucun cas elle n'est le résultat de l'influence d'une quelconque "entité". 

Notre activité mentale loin de refléter celle d'un ego transcendantal ou d'une âme est plutôt le fruit d'interactions avec notre environnement et avec autrui. 

"Hermans (2002;2006) considère le self comme une société mentale qui ne diffère pas de la société matérielle, et où l'on trouve des conflits, des oppositions, des négociations et des alliances entre les différentes facettes du self. (...) Hermans (2006) avance l'idée que l'application de la métaphore [du théâtre] à la psychothérapie, permet de réorganiser le self grâce, notamment, à deux éléments : l'introduction de nouvelles voix et l'acquis d'une méta-position. Ce dernier résulte du fait d'apprendre à percevoir l'ensemble des voix présentes. (...) De plus, la scène mentale d'un individu est toujours entremêlée avec la scène mentale d'autrui : l'autre est un autre moi et les dialogues, comme les voix, peuvent être internes et externes" p96