Liliann Manning - Le self - Normalité et pathologie

Ce livre est passionnant et thématise la question du self en croisant les apports des neurosciences cognitives et de la phénoménologie en montrant que ces perspectives théoriques peuvent apporter à une approche clinique et donc thérapeutique. Le self c'est ce qui fait notre identité et la manière dont on le vie en première personne. C'est:

"Un ensemble de processus neurocognitifs permettant les sentiments de cohérence, individualité et unité qui nous définissent comme personne"

Ce qui est passionnant c'est le rapport entre le sentiment d'unité et la pluralité des processus qui sous-tendent cette unité. Je ne vais pas résumer le livre qui lui-même contient énormément de synthèses de travaux de philosophes et de scientifiques, de James à Merleau-Ponty en passant par Heidegger et Varela. Comme d'habitude je vais au passage qui m'a le plus intéressé :La théorie dialogique du self.

La description du self qui est au cœur de cette théorie comporte l'idée d'un ensemble complexe de parties qui interagissent. Cette interaction est flexible et créatrice, et en aucun cas elle n'est le résultat de l'influence d'une quelconque "entité". 

Notre activité mentale loin de refléter celle d'un ego transcendantal ou d'une âme est plutôt le fruit d'interactions avec notre environnement et avec autrui. 

"Hermans (2002;2006) considère le self comme une société mentale qui ne diffère pas de la société matérielle, et où l'on trouve des conflits, des oppositions, des négociations et des alliances entre les différentes facettes du self. (...) Hermans (2006) avance l'idée que l'application de la métaphore [du théâtre] à la psychothérapie, permet de réorganiser le self grâce, notamment, à deux éléments : l'introduction de nouvelles voix et l'acquis d'une méta-position. Ce dernier résulte du fait d'apprendre à percevoir l'ensemble des voix présentes. (...) De plus, la scène mentale d'un individu est toujours entremêlée avec la scène mentale d'autrui : l'autre est un autre moi et les dialogues, comme les voix, peuvent être internes et externes" p96